- LIBAN - Actualité (1990-1996)
- LIBAN - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique libanaisePolitique intérieureLe 31 janvier 1990, des combats interchrétiens meurtriers opposent l’armée du général Aoun à la milice des Forces libanaises de Samir Geagea. Le 2 mars, les menaces du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, d’excommunier les combattants, associées aux pressions de la France et du Vatican, aboutissent à l’arrêt des combats.Le 16 juillet, reprise des combats interchiites opposant, dans le sud du Liban, les milices rivales d’Amal, pro-syrienne, et du Hezbollah, pro-iranien.Le 21 septembre, le président Hraoui signe les amendements constitutionnels adoptés le 21 août par le Parlement. Cette nouvelle Constitution instaure une IIe République libanaise, régie collégialement par le président de la République, chrétien maronite, le chef du gouvernement, musulman sunnite, et le président de l’Assemblée, musulman chiite, grâce à un rééquilibrage des pouvoirs en faveur des musulmans.Le 13 octobre, les armées libanaise et syrienne déclenchent une offensive massive contre le réduit chrétien de Beyrouth, après 2 semaines de blocus. Le général Aoun, réfugié à l’ambassade de France qui lui accorde l’asile politique, réclame en vain un cessez-le-feu et demande à ses soldats d’obéir au général Lahoud, commandant en chef de l’armée.Le 21 octobre, Dany Chamoun, fils de l’ancien président Camille Chamoun et chef de file du mouvement politique de soutien au général Aoun, est assassiné à Beyrouth avec sa femme et 2 de ses enfants.Le 24 octobre, le gouvernement décide l’évacuation de toutes les milices du grand Beyrouth et sa prise en charge par l’armée libanaise appuyée par l’armée syrienne. Le 3 décembre, pour la première fois depuis 1975, l’État exerce la totalité du pouvoir dans le grand Beyrouth.Le 20 décembre, sur l’avis des autorités syriennes, Elias Hraoui charge Omar Karamé de former un gouvernement d’union nationale.Le 30 avril 1991, à l’expiration du délai accordé, les milices restituent une partie de leurs armes.Le 1er juillet, l’armée libanaise entame son déploiement dans le sud du pays. Ne s’attaquant pas à la zone contrôlée par la milice pro-israélienne de l’armée du Liban-Sud (A.L.S.), les soldats libanais sont confrontés aux Palestiniens. Le 5, après un accord conclu entre le gouvernement et l’Organisation de libération de la Palestine, très isolée au sein du monde arabe, l’armée boucle la région de Saïda tandis que les fedayin attendent d’être désarmés.Le 26 août, le Parlement adopte une loi d’amnistie générale qui couvre toute la période de la guerre, depuis 1975.Le 28 août, le général Aoun est autorisé à quitter le pays. Il se rend en France le 30. Un exil de 5 ans lui est imposé.Le 6 mai 1992, à l’issue de manifestations violentes contre la vie chère à Beyrouth, Omar Karamé démissionne de son poste de Premier ministre. Le pays traverse une grave crise économique. Le 16, Rachid Solh met en place un nouveau gouvernement, avec l’assentiment de Damas.Les élections législatives (23 et 30 août, et 3 sept.) sont précédées par 3 jours de grève générale à l’appel des formations chrétiennes, qui exigeaient la refonte de la loi électorale et le départ des forces syriennes en préalable à tout scrutin. Le 16 octobre, le nouveau Parlement de 128 sièges répartis à égalité entre chrétiens et musulmans entre en fonctions, avec pour président Nabih Berri, chef de la milice chiite Amal. Le 22, le président Elias Hraoui nomme Rafik Hariri, milliardaire musulman sunnite, Premier ministre.Le 9 août 1993, l’armée libanaise se déploie dans la région de Tyr placée depuis 1978 sous le contrôle de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (F.I.N.U.L.).Le 19 mai 1995, en désaccord avec le président du Parlement, Nabih Berri, le Premier ministre Rafik Hariri présente, pour la troisième fois en un an, sa démission que Damas rejette de nouveau.Le 24 juin, la Cour de justice condamne à mort Samir Geagea, chef des Forces libanaises, pour l’assassinat de Dany Chamoun, chef d’une milice chrétienne rivale, en octobre 1990. Sa peine est commuée en détention à perpétuité. Des voix s’élèvent pour dénoncer le fait que Samir Geagea, qui a toujours refusé de participer au gouvernement depuis la fin de la guerre, soit le seul à devoir rendre compte de tels actes.Le 19 octobre, sous la pression de la Syrie, 110 des 128 députés libanais approuvent, à main levée, l’amendement constitutionnel portant rétroactivement de 6 à 9 ans la durée du mandat du président Elias Hraoui, qui arrive à échéance en novembre. La Constitution empêche celui-ci de briguer un second mandat consécutif.Le 29 février 1996, les syndicats et l’opposition appellent à une grève générale à laquelle les autorités ripostent en imposant le couvre-feu.Le 15 septembre, les résultats des élections législatives entamées le 18 août reflètent la domination syrienne sur le Liban. Malgré l’appel au boycottage lancé par l’opposition «extérieure», le taux de participation est élevé pour le pays – plus de 50 p. 100. Le scrutin marque par une certaine contestation du pouvoir en place. Toutefois, les candidats prosyriens, favorisés par la loi électorale et avantagés par de nombreuses fraudes, l’emportent largement. Les opposants obtiennent moins d’une dizaine de sièges sur 128.Vie économiqueEn 1993, le gouvernement de Rafik Hariri parvient à rétablir la stabilité des conditions économiques, facteur indispensable à la reconstruction du pays.En 1994, la reconstruction du pays prend un rythme de croisière. En mai, le Plan 2000 est adopté. En septembre, la première pierre du chantier de la reconstruction du centre-ville de Beyrouth est posée. Le montant des investissements s’élève à 1 milliard de dollars pour l’année.En 1995, la reconstruction enregistre des progrès visibles. La croissance se maintient tout en se ralentissant. L’inflation se stabilise et la monnaie se consolide. Le point noir de l’économie libanaise reste le montant de la dette publique qui s’élève à 8,16 milliards de dollars, dont 1,23 milliard de dette extérieure. Celle-ci s’explique par un déficit budgétaire d’environ 50 p. 100 et par le montant de l’investissement public consacré à la reconstruction.En 1996, la croissance continue à progresser. L’inflation diminue. La monnaie s’apprécie vis-à-vis du dollar et les réserves en devises de la banque centrale augmentent. Les rapatriements de capitaux contribuent à un excédent de la balance des paiements. En revanche, la balance commerciale reste très fortement déficitaire, du fait, notamment, des besoins de la reconstruction qui se poursuit à un rythme accéléré. La dette publique augmente encore pour dépasser 10 milliards de dollars à la fin de l’année. Enfin, le creusement des inégalités entretient une crise sociale préoccupante.Relations internationalesLe 22 mai 1991, à Damas, les présidents Elias Hraoui et Hafez el-Assad signent un traité qui consacre l’hégémonie de la Syrie sur le Liban.Le 30 octobre, ouverture à Madrid de la conférence de paix sur le Proche-Orient.Le 1er décembre, Israël relâche 25 Libanais détenus dans la «zone de sécurité» contrôlée par l’A.L.S. dans le sud du pays.Le 16 février 1992, Cheikh Abbas Moussaoui, secrétaire général du Hezbollah, est tué lors d’un raid de l’aviation israélienne dans le sud du Liban. Le 18, le Hezbollah élit Cheikh Hassan Nasrallah pour lui succéder.Le 17 juin, les 2 derniers otages occidentaux détenus au Liban sont libérés.Le 16 décembre, le Liban refuse d’accueillir les 415 Palestiniens expulsés par Israël.Le 25 juillet 1993, l’armée israélienne bombarde les positions du Hezbollah et les villages chiites proches de la «zone de sécurité» dans le sud du Liban. Cette opération est la plus massive et la plus meurtrière depuis celle de juin 1982.Le 18 avril 1994, le Liban rompt ses relations diplomatiques avec l’Irak, à la suite de l’assassinat à Beyrouth d’un opposant irakien par des diplomates irakiens membres des services secrets.Le 21 mai, un commando israélien enlève Moustafa Abou Ali Dirani, l’un des responsables militaires du Hezbollah, dont l’organisation détiendrait Ron Arad, le dernier soldat israélien fait prisonnier au Liban et qui serait encore en vie.Du 4 au 6 avril 1996, le président Chirac effectue la première visite officielle d’un chef d’État français au Liban depuis l’indépendance, en 1943. Dans son discours devant le Parlement, il défend la «souveraineté» et l’«indépendance» du Liban et appelle les forces israéliennes et syriennes à se retirer du pays dans le cadre d’un accord de paix entre Jérusalem et Damas.Le 11 avril, l’aviation israélienne commence à bombarder des positions du Hezbollah au Liban. L’opération, baptisée «Raisins de la colère», fait suite à une recrudescence des accrochages dans la «zone de sécurité» instaurée par Israël dans le sud du pays. Le 18, le bombardement par l’artillerie israélienne d’un camp de la F.I.N.U.L., à Cana, où se trouvaient de nombreux réfugiés fait une centaine de morts parmi la population civile. Le 26, les Premiers ministres israélien et libanais annoncent la conclusion d’un «arrangement» écrit, bâti sur le modèle de l’accord tacite de juillet 1993 qui avait mis fin aux précédents affrontements entre Jérusalem et le Hezbollah au Liban, et qui visait à limiter les opérations militaires dans la «zone de sécurité» afin d’épargner les civils. Un «groupe de surveillance», composé des États-Unis, de la France, de la Syrie, du Liban et d’Israël, est chargé de veiller à la mise en œuvre de l’arrangement. Le 27, le cessez-le-feu entre en vigueur.Le 7 mai, l’O.N.U. rend public un rapport qui conclut au caractère probablement volontaire du bombardement du camp de Cana. Le Conseil de sécurité ne donnera pas de suite à ce rapport.Le 21 juillet, au terme de 3 mois de négociations, Israël et la milice libanaise pro-iranienne du Hezbollah procèdent à l’échange de prisonniers et de corps de soldats tués au combat.
Encyclopédie Universelle. 2012.